Le mot blaxploitation est la contraction des mots « black » et « exploitation ». Il désigne un courant culturel et social propre au cinéma américain des années 1970 qui a revalorisé l'image des afro-américains en les présentant dans des rôles dignes et de premier plan et non plus seulement dans des rôles secondaires et de faire-valoir. Le succès de ce courant cinématographique entraina une surexploitation du filon commercial qui en dénatura le but originel. Le mot s'écrit parfois Blaxplotation, de black et de plot - le sujet d'un film.
Ces films n'engageaient que des Noirs et ne s'adressaient qu'à la communauté sur des thèmes qui leur tenaient à cœur en utilisant tous les stéréotypes possibles. Ces films étaient très appréciés par la communauté noire car ils montrent ses acteurs dans des situations d'hommes fiers et libres de leurs choix de vie. Alors que les films de Hollywood des années 30, 40 ou 50 montraient les noirs seulement dans des rôles de danseurs de cabaret, serveurs, bandits ou esclaves.
Le premier film date de 1971 est Sweet Sweetback's baadasss song, tournée par un noir engagé Melvin Van Peebles. Ce film 100 % noir rapportera 4 millions de $, un chiffre considérable pour une production indépendante. La même année sort Shaft cette fois ci produit par un grand studio mais toujours réalisé par un noir.
La blaxploitation n'est pas un genre en soi, il s'agit en fait de films tourné par les Noirs et pour le public noir. Tous les genres cinématographiques à la mode durant les seventies ont été mis à la sauce blaxploitation. Que ce soit les films policiers (trilogie des Shaft) ou les enquêtes par des détectives privés (Coffy), le cinéma d'horreur (Blacula, le vampire noir, Abby), les arts martiaux (black belt Jones), le péplum (the arena), le western (Boss nigger), l'espionnage (Cleopatra Jones), le film politique engagé (the spook who sat by the door).
Une grande majorité des films de blaxploitation étaient médiocres, souvent violents et remplis de clichés, ils parlaient de prostituées, de dealers, de tueurs dans le ghetto. Tous ces stéréotypes sont aujourd'hui repris dans le gangsta rap, Snoop Dog a été fortement influencé par Rudy Ray Moore.
La bande annonce du film Sweet Sweetback's baadasssss song :
La bande annonce du film "Black Caesar" :
Chaque film était l'occasion de fournir une bande originale de grande qualité. Tous les grands musiciens noirs des années 70 ont exercé leurs talents ; la liste est longue et non exhaustive : James Brown (black caesar), Curtis Mayfield (Superfly, Short eyes), Isaac Hayes (Shaft, Truck turner, three tough guys), Johnny Pate (Brothers on the run, Bucktown), Marvin gaye (trouble man), Norman Whitfield (car wash), Edwin Starr (hell up in Harlem), Roy Ayers (Coffy),JJ Johnson (Cleopatra Jones), Willie Hutch (the mack), Herbie Hancock (the spook who sat by the door) et Barry White (together brothers)...
Étrangement, certains de ces films étaient parfois réalisés par des Blancs (Larry Cohen pour black caesar) et beaucoup étaient produits par des Blancs, ce qui poussa des associations afro-américaines à les rejeter. Par la surproduction, le public finit par se lasser et à la fin des années 70, le genre tomba en désuétude.
Quelques icônes du cinéma de blaxploitation sont à signaler comme Pam Grier (photos ci-dessous, vu dans Jackie Brown), Jim Kelly (vu dans Opération Dragon), Rudy Ray Moore et Fred Willamson.
Le genre a eu une grande influence sur certains réalisateurs contemporains. Ainsi, Quentin Tarantino a rendu maintes fois hommage dans ces films, principalement dans Jackie Brown mais aussi dans Kill Bill vol 1 par l'usage de la musique du film Truck Turner et quelques clins d'oeil appuyés.
Shaft sera un succès planétaire grâce en partie à sa BO d'Isaac Hayes.
Voici un mini best of de la bande son des films de la Blaxploitation :