Après l'avoir vu en concert à l'Argo'Notes de Montreuil le 10 octobre et au concert d'Emily Jane White une semaine après à la Maroquinerie sur Paris (venue seule en spectatrice et en amie...d'ailleurs je lui ai fait peur en la saluant...bon ok j'avais oublié de me peigner la barbe ce jour là mais si j'avais su que j'allais la croiser une nouvelle fois...), eh bien je peux vous dire que sa grace, sa fraîcheur soupoudrée de timidité donnent énormément d'allure à cette charmante damoiselle...mais faut l'entendre chanter...
Sa voix est fluette sur scène lorsqu'elle ne chante pas, si elle pouvait se cacher pour chanter, elle le ferait mais elle aime chanter, transmettre des émotions de part sa voix surtout et son jeu de guitare...le tout vous envoûte, vous emmène loin sur les terres de ses ancêtres, les grands espaces, la nature, la vie...D’une voix virginale, mais assumant ses racines indiennes, elle chante des paysages aériens dans une veine néofolk.
Je fus charmé et envoûté alors qu'une chanteuse de folk m'endors généralement rapidement en concert...sa délicate présence vous fait oublier un instant que nous vivons dans un monde de brutes, c'est un hymne à la nature, à la beauté...
Cette jeune chanteuse-guitariste donc, est la nouvelle voix de la scène folk-pop et de la scène indo-américaine. D'ascendance indienne "native" (suivant l'expression américaine), elle est influencée par Nick Drake ou Joni Mitchell que par la musique traditionnelle de la tribu Sioux.
Elle a enregistré son album (ici à l'écoute), Faces In The Rocks, en mars 2007 à Nevada City, avec le gratin de la scène indo-américaine, dont le flutiste Gentle Thunder et le mandoliniste Gary Sobonya (son père).
Elle a composé toutes les chansons, des mélodies délicates influencées par la folk et la pop autant que par la musique traditionnelle indienne-américaine.
La chanteuse folk-pop Alela Diane est une de ses meilleures amies ; les deux musiciennes ont enregistré ensemble un mini album...
Wizard Flurry Home
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Two Tongues
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Voici à l'écoute l'album de Mariée Sioux, "Faces In The Rocks" : Tout comme chez Alela Diane, les thèmes principaux sont la Terre, l'enfance et la famille.
Mais le style d'écriture de Mariee est fondamentalement et réellement poétique (car la véritable Poésie tient du réel profondément).
Ce disque a été enregistré avec des musiciens de Nevada city, dans l'intention d'accorder la voix dans toute sa pureté avec l'énergie créative de l'Univers, rien de moins.
(c'est ce qui est dit en substance ici : http://www.alwaysontherun.net/marieesioux.htm)
Huit chansons sur cet album : trop peu ? oui, mais un ensemble cohérent et délicat. Chaque chanson mêle une interprétation personnelle des vérités profondes et universelles et les interconnexions entre les éléments qui ont intrigué Mariee Sioux dans sa jeunesse.
Souvent certains mots sont rapprochés pour leur sonorité, des répétitions s'étirent en litanie...
Et si chaque chanson a bien sûr son caractère propre, il semble pourtant, à cause des changements de ton et de rythme, que chacune en contienne plusieurs.
Les chansons
1) Wizard Flurry Home
"And cocoon, bed spoon
I beg, i beg, i beg your pardon
Cocoon, bed spoon
I beg, i beg, i beg your pardon
Cocoon, monsoon
Break, break, breaks the roof in
Cocoon, monsoon
It break, break, breaks my heart in two
In two, two, in two
And it was two, oh, oh, five
And so new, new, so new
It was so new, new, new
New, new, so new"
On parle souvent de "spin" au sujet de ses compositions, soit un tournoiement : ça peut faire penser aux derviches-tourneurs qui associent leur tournoiement à une sorte de montée en transe... Il y a là, dans ce tournoiement, ce foisonnement guidé en spirale ascendante (et pas en cercle fermé à lui-même : la spirale reste ouverte à l'harmonie de l'Univers), un secret de la transe peut-être, qui est une recherche de communication avec le grand Tout.
Et le tout soutenu par une voix d'une précise ténuité...
2) Buried in teeth
Cette chanson commence par des sonorités typiquement indiennes, puis le flot de la guitare et de la voix au diapason ouvre son grand fleuve.
"Buried in teeth
Buried in teeth
Buried in teeth
Can't tell if I've got black roots or braids
Growing out of my head
Grandfathers eating our graves
Buried in teeth
Buried in teeth
Buried in teeth
Can't tell if I've got rivers or veins
Running under my skin
Flowing out over the plains
There's trapped antennae
All tangled up with these brains
And the spin of cocoons whispers your names"
Une rêverie consciente sur les racines, où le couplet apparaît comme une pause avant que le flot du reste ne reprenne.
3) Friendboats
Une chanson sur la profondeur indéfectible de l'amitié, avec tout le long une métaphore filée des bateaux :
"...When I go
Please, when I am gone
When I go
Please, when I am gone
Then, burn me with their bows
And toss some saving golden ropes to
Let us set anchor so far away from this coast
Then close off this darkness with curtains of sails
And cast it forever into the chests of the whales For I have never known such missing of that breaking water
No, I have never known such missing of that breaking water
No, I have never known
Such missing of that breaking water..."
La tonalité de cette chanson est douce et persistante : la voix est doublée d'une autre sur quelques phrases, et la guitare seulement la souligne.
4) Wild eyes
Une chanson déroutante, qu'on imagine difficilement chantée par quelqu'un d'autre : chaque couplet surprend par un étonnant changement de mélodie.
Et que dire de ce que Mariee Sioux fait de cette simple phrase :
"Remember you could weep fire
Remember you could weep fire with wild eyes
With wild eyes, oh those wild eyes"
Quant au passage... :
"Papa my pine whistler sparrow-eyed sun misser
Papa my pine whistler sparrow-eyed moon blisser
Mama my jaw clincher spirit mouthed ghost dancer
Mama my vein braider thousand year bone burner
Mama my tongue twister thousand pronged antlers
Mama my tongue twister thousand pronged antlers
Mama my vein braider thousand pronged antlers, antlers
And oh her wild eyes, oh her wild eyes"
...il étonne par une montée chromatique inattendue qui insuffle une nouvelle énergie à la chanson.
5) Bravitzlana rubakalva
C'est ici la rêverie sur une contrée imaginée :
"Bravitzlana rubakalva
Is a country I made for us
Bravitzlana rubakalva, our very own country In bravitzlana rubakalva
We will build cabins
Of redwood heart and old animal eyes
Floors and walls of crystal
And we will sing around the fiery tree stumps
We will play the woods
And in bravitzlana rubakalva
Our grey hair, it will not burn
No, no, our grey hair
It will not burn"
Il y a là quelque chose d'un peu enfantin...
6) Two tongues
Deux langues à la fois... Il s'agit d'un hommage aux ancêtres qui ont parcouru l'Amérique et ses landes sauvages voici plusieurs centaines d'années, rappelant à chacun les liens vitaux qui l'attachent au passé.
Dès le début, la flûte indienne donne le ton. Et la chanson se déroule comme une balade, en nous prenant à témoin dès l'ouverture :
"Oh, can't you hear the world's heart breaking ?"
"For, it's a test of courage
To kiss the snake-tongued people
The fork-tongued people
And yes, it is a test of courage
To kiss the snake-tongued people
The fork-tongued people 'Cause it's like two tongues, at one time
Like two tongues, at one time
It's like two tongues, at one time
Like two tongues, at one time
It's like two tongues, at one time
Like two tongues, at one time
Like bitter spirits and sweet wine
'Cause it's like two tongues, at one time
At one time"
Encore un morceau aux répétitions quasi hypnotiques, qui s'étire sur presque dix minutes. Dans certains passages, Mariee Sioux parle d'ailleurs davantage qu'elle ne chante.
7) Bundles
C'est une chanson sur le désir profond de mieux se connaître soi-même, nous dit-on, certes. Mais à la manière des chamans : la connaissance de soi passant par l'apprentissage du secret de chaque être de la Nature :
"So can you, can you, can you tell me?
So can you, can you, can you tell me?
If it's easier to be emptier but lighter
Or if it's easier to be the lantern or the fire
If it's easier to be a lover or an echo
If it's easier to be the bull or the fighter
Or if it's easier to die by arrows or by tigers
If it's easier to fly by monarchs or by sparrows
By monarchs or by sparrows
Oh, let me know
And there's a grizzly bearing in me
There's a grizzly bearing in me..."
Et en même temps il y a ce lien indéfectible d'un être vivant à un autre car nous partageons tous la même Terre et le même espoir :
"...in curious jars we're a spinning'n 'n 'n Spinning, spinning, spinning into sickness
Spinning, spinning, spinning into sickness
And singing for stillness..."
8) Flowers and blood
"I never asked for to find my twin, but there you are
No, I never asked for to find my twin, but there you are
And I never asked for the spools to unspin, but there they roll
No, I never asked for the spools to unspin, but there they roll
I never asked for to carve your ribs, but here I go
And I never asked for to carve your ribs, but here I go
And I've never pleaded for a new skin as I do now
I've never pleaded for a new skin as I do now
Oh, flowers and blood
Build up a new me of flowers and blood
Flowers and blood
Build up a new me of flowers and blood
Build up a new me of flowers and blood
Flowers and blood..."
Ou l'amour absolu et, en quelque sorte, rédempteur...
Extraits du site http://www.ciao.fr