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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 10:33

    Gary Snyder reste assez largement méconnu du grand public en Europe, mais il est vrai qu'il s'est toujours tenu à l'écart des modes pour tracer sa propre route. Ce natif du nord-ouest américain (né en 1930), présent dès les premières manifestations de la « Beat Generation » des années 1950 à San Francisco, se tenait déjà à une certaine distance des exubérances de Jack Kerouac et consorts. Il apparaît pourtant, sous le nom de Japhy Ryder, dans le roman « Les clochards célestes » de Jack Kerouac (« The Dharma Bums », 1958), dans lequel il initie ce dernier à la culture chinoise et bouddhique, et à ce que l'on n'appelait guère encore l'écologie.  

Il est aujourd’hui, après le décès d'’Allen Ginsberg en 1997, la dernière grande voix « Beat ». De 1956 à 1969, il a surtout vécu au Japon afin d'’y approfondir sa connaissance et sa pratique du bouddhisme zen. Son retour aux USA à la fin des années 1960 le voit s'’enraciner dans les Sierras de Californie du Nord, fondant famille et lieu de vie. Auteur d'’une quinzaine de recueils de poèmes, c’'est aussi un essayiste vigoureux et stimulant. On retrouve dans La pratique sauvage, publié en 1990 aux USA, les chemins de connaissances d'’un Snyder qui conjugue au quotidien liberté et discipline : la spiritualité asiatique, le monde amérindien, le souci du vivant sous toutes ses formes, le regard frais du grand voyageur. Dans ce « Walden » contemporain, c'’est bien le terme « pratique » qui nous renvoie dès le titre à Thoreau, lequel se retrouverait dans le projet décrit par Snyder dans la préface de l’'édition française : « ‘pratique’, dans le sens d'’un effort conscient, soutenu et délibéré pour apprendre à trouver une meilleure harmonie avec soi-même et avec le mode d’existence réel du monde. Nous devons nous enraciner dans le terrain le plus profond de l’'être ». Cet enracinement, nous dit Snyder, passe par la re-connaissance de notre dimension sauvage. (Traduction française d’Olivier Delbard)



    La Pratique Sauvage, préface à l'édition française de Gary Snyder :

"Ces essais trouvent leur origine dans le travail effectué avec les habitants aussi bien des régions les plus reculés de l'Alaska que du coeur de New York, sur des questions telles que l'écologie, la survie des espèces menacées, les sociétés originelles, les religions d'Extrême-Orient et les stratégies de défense de l'environnement.
Mon autre angle d'approche fur spirituel. Mon propre chemin relève d'une sorte de bouddhisme authentique dont les racines plongent naturellement dans les pratiques animistes et chamanistes. Le respect envers tous les êtres vivants fait clairement partie de cette tradition. J'ai ainsi enseigné à d'autres comment méditer pour pénétrer les étendues sauvages de l'esprit. Comme je le suggère dans l'un de ces essais, le language lui-même est finalement un système sauvage. (...)
 Le Sauvage, synonyme dans la civilisation occidentale de sauvagerie et de chaos, est, d'une façon impartiale et implacable, fondamentalement libre dans sa beauté formelle. Et son expression - la richesse de la vie animale et végétale (non compris) sur le globe, les pluies torrentielles, les vents violents et les calmes matinées de printemps, la courbe d'un météore traversant l'obscurité - est la réalité authentique de ce monde auquel nous appartenons."

Dernier poète de la beat generation (prix Pulitzer en 1975 pour son recueil Ile-Tortue), philosophe de la nature, bouddhiste initié lors de son séjour au Japon (1956-1968), fondateur d'une communauté rurale toujours active dans la Sierra Nevada et militant de l'écologie radicale, Gary Snyder est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages. La Pratique Sauvage est son recueil d'essais le plus important à ce jour.

   

"Sans domicile", un extrait de La Pratique Sauvage de Gary Snyder

Pour les bouddhistes, le terme "sans domicile" désigne un moine ou un prêtre (en japonais, shukke : littéralement "hors de la maison"). Le terme se réfère à quelqu'un qui a, dit-on, laissé derrière lui sa vie de chef de famille, les tentations et obligations du monde profane. Une autre expression, "quitter le monde", signifie se détacher des imperfections liées au comportement humain et plus particulièrement accentuées par la vie urbaine. Cela ne signifie pas que l'on prenne ses distances vis-à-vis du monde naturel. Cela a conduit certains à vivre en ermites de montagnes ou dans des communautés religieuses. On a posé la "maison" contre les "montagnes" ou la "pureté". En développant une plus large perspective du monde des sans domicile, le poète du Ve siècle Zhiang-yan dit qu'un bon ermite devrait "prendre les cieux pourpres pour cabane, la mer qui l'entoure pour point d'eau, tonnant de rire dans sa nudité, marchant en chantant, cheveux au vent". Le poète du début de la période Tang, Han-shan, est considéré comme le véritable modèle du reclus ; sa maison spacieuse touche l'extrémité de l'univers.

Depuis que j'habite à Han-shan,
Combien de dizaines de milliers d'années ont passé ?
Suivant mon cours, retiré dans la forêt près d'une source,
Je déambule, me repose et contemple à ma guise
La falaise est froide, les hommes ne viennent pas
Les nuages blancs sans cesse s'amoncellent
Les herbes tendres pour couverture,
Joyeux, la tête sur une pierre,
Je laisse ciel et terre poursuivre leur changement.

"Sans domicile" finit dans ce cas par signifier "chez soi dans l'univers tout entier". De la même manière, les plus indépendants d'entre nous qui n'ont pas perdu le sens de la totalité du lieu sont capables de percevoir leur foyer, les montagnes et les bois de la région comme appartenant à la même sphère.

"Les métaphores autour du « grand livre de la nature » ne sont pas seulement inexactes, mais aussi pernicieuses. Le monde est sans conteste saturé de signes, mais il n'est pas un texte figé contenant les archives des différentes versions existantes. Cet attachement exagéré au modèle livresque reflète depuis toujours l'idée que rien de bien intéressant ne s'est produit avant l'apparition de l'histoire écrite. Il est sûr que les systèmes écrits procurent un avantage. Ceux qui possèdent l'écrit se sont toujours perçus comme supérieurs à ceux qui en sont privés, et les peuples qui ont un Grand Livre sacré se sont toujours considérés au-dessus de ceux qui ont une religion vernaculaire, quelle que soit la richesse de ses rites et de ses mythes." 

 

        

"Sachons jouir de notre condition humaine, riche d'étincelles spirituelles et de jouissance sexuelle, mais aussi occupée par l'ambition sociale et les coups de colères stériles, tout en ne nous considérant ni plus ni moins comme un parmi tous les membres de la Grande Diversité. Sachons nous accepter tous égaux et habitants de la même terre. Abandonnons tout espoir d'éternité et arrêtons de lutter contre la saleté qu'elle qu'elle soit. On peut chasser les moustiques, se protéger de la vermine sans pour cela éprouver de la haine. N'attendons rien, soyons alertes et autonomes, attentifs et reconnaissants, généreux et directs. Calme et clarté sont au rendez-vous quand nous nous lavons les mains salies par le travail et que nous jetons un coup d'oeil furtif vers les nuages qui traversent le ciel. S'asseoir pour prendre un café avec un ami, voilà une autre joie toute simple. L'espace sauvage nous demande d'apprendre à connaître le terrain, de saluer plantes, animaux terrestres et oiseaux du ciel, de franchir crêtes et rivières, pour ensuite raconter une bonne histoire de retour à la maison.
Alors, quand les enfants sont bien au chaud dans leurs lits, lors d'une de ces grandes fêtes comme Halloween, le Nouvel An, ou le Quatre Juillet, invoquons quelques esprits, mettons la musique, et ceux et celles qui sont toujours de ce monde se laisseront aller en se libérant totalement. Voici la portée ultime du mot "sauvage" dans son sens ésotérique le plus profond et le plus angoissant. Ceux qui sont prêts pour l'aventure y parviendront. Mais surtout, s'il vous plaît, ne le répétez à personne!"     

     

       

Gary Snyder & Lawrence Ferlinghetti

     

 

Gary Snyder & Allen Ginsberg

 

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 19:58
13e Note Éditions et la librairie Le Monte-en-l'air présentent Barry Graham (journaliste, boxeur, travailleur social et moine bouddhiste), auteur extrême tout droit venu d'Arizona pour présenter Regarde les hommes mourir, polar chauffé à blanc où s'enchaînent non-stop bastons mémorables et scènes de cul torrides.

Rencontre exceptionnelle le mercredi 8 juin à 19h à la librairie Le Monte-en-l'air (71, rue de Ménilmontant, 75020) avec Vince Larue, illustrateur, poète et co-administrateur de ce blog!!!
Illustration de Vince Larue
Quand un véritable moine bouddhiste approfondit son exploration du mythe d’un Phoenix crypto-fasciste, écrasé de chaleur, tremblant de violence mais aussi d’amour, cela donne deux polars chauffés à blanc où s’enchaînent non-stop bastons mémorables et scènes de cul torrides.
Enfant de Glasgow, boxeur professionnel, moine bouddhiste, Barry Graham écrit sur la mort, sur la prison, sur les rues de Phoenix jonchées d’armes à feu, sur les désirs contrariés. Il parle de shérifs sadiques et de détenus du couloir de la mort. Ses fictions sur les dealers mexico-américains sont si convaincantes qu’on lui a demandé si son travail était autobiographique. Or il est écossais et ne deale pas… Graham a une magnifique écriture. Le blues de ses paroles rend la douleur et la joie plus poignantes. Il transforme la souffrance privée en souffrance publique. De façon suprêmement délicate.
[D’après l’introduction de Larry Fondation à Regarde les hommes mourir]
 
« En Amérique, on aime tuer les gens. Parfois légalement, le plus souvent non. Mais c’est une constante. Il arrive qu’on tue pour sauver sa peau, ou en proie à la rage ou à la terreur. Ou avec préméditation, après des heures, des jours ou des mois de préparation. J’ai assisté à deux meurtres. J’ai observé le visage de ces hommes tandis qu’ils mouraient. Et beaucoup d’autres crimes ont été commis tout près de moi. »
Barry Graham, Regarde les hommes mourir
 
            Illusory Flowers in an Empty Sky
Illustration de Vince Larue
 
Barry Graham est un écrivain reconnu internationalement, né en 1966. Journaliste, il assume également la charge d'abbé au « Sitting Frog Zen Center » à Phoenix (Arizona), où il réside. À la demande de prisonniers condamnés à mort, il a assisté à deux exécutions. Son article écrit après cette expérience, - « Regarde les hommes mourir » (« Why I Watch People Die ») a été publié dans Flaunt en 2008 et a été récompensé d’une médaille d’argent Folio. Ses textes ont également paru dans des magazines comme Harper's, Parabola, Las Vegas Life, The Arizona Republic et Scotland on Sunday. Barry Graham est l’auteur du roman The Book of Man (Serpent's Tail, 1995), choisi par l’American Library Association comme l’un des meilleurs livres de 1995, et d’un recueil de récits, Before (Incommunicado Press, 1997). Ses nouvelles apparaissent dans trois anthologies : Phoenix Noir (Akashic Books, 2009), Suspect Device (Serpent's Tail, 1998) et Intoxication (Serpent’s Tail, Londres, 1998, et Au diable vauvert, Paris 1998).  
 
       
13e Note Éditions
Auteurs extrêmes sous haute tension

            13e Note Éditions

La maison a été créée en 2008 (première parution : printemps 2009) pour rendre compte d’une certaine contre ou para-culture avec la complicité de lecteurs et de libraires passionnés. La « 13e Note », c’est la musique suprême, l’inaccessible idéal qui inspire nos auteurs.

Points clés de la ligne éditoriale : littérature américaine au départ mais ouverte sur le monde, beat, post-beat, underground, sex, drugs and rock’n’roll, autobiographie, transgression, autodestruction, rédemption…

http://www.13enote.com/

 

BARRY GRAHAM ET VINCE LARUE

           
                  
Illustration de Vince Larue
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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 20:14

Ecrire. On pourrait ranger ça aux côtés de l’appétit, ou du sexe. C’est qu’une fois la faim culinaire comblée et la frite du con jusqu’au cul, l’écœurement succède au coït. C’est pourquoi je n’ai pas écrit grand chose au cours des mois écoulés. Mois de chômage social, de labeur passionnel sans intérêt. La diète.

 

Je vis dans le présent, je vis dans le passé, le futur j’ai du mal. Toutefois, comment peut-on aujourd’hui prétendre détenir l’apanage de la Beat Generation, sans relever d’un individu tel Gary Snyder ? Un individu cultivé, infiniment terrien, soucieux de la solution. La réponse est : aucunement sans être soi-même, un pute de l’industrie.

 

Bien sûr on peut refaire ce qui a été fait, remettre au goût du jour, moderniser, la souffrance a encore de belles années devant elle. Ou on peut calmer ses envies meurtrières, ses peines de puits sans fond, à s’employer avec dévotion et gratitude à l’apogée de l’esprit sur terre et surtout, l’esprit animiste dépourvu d’ego et d’instinct profiteur. C’est l’image du sage dans sa montagne ramenée à chacun où qu’il soit, attelé à n’être qu’un bruissement de feuilles plein d’attention pour chacune d’entre elles.

 

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Tourments à l’ouest

 

 

Estampille mon âme sur l'autel de la coercition

                                                 douce et frelatée, la ballade sous les catadioptres

                                                                  jovial de jour, en proie au désarroi universel de nuit et de jour

Irascible sur les chemins inflexibles

                                                          Telle est la lancinante condamnation

                                                                                                                   dont je me faisais porte-parole.

 

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Dans ce système, cet engrenage, cette éducation, j’aurais toujours pu faire mieux, mais à un prix que je n’étais pas disposé à payer, l’opprobre, les concessions, la soumission et les honneurs qui en découlent, très peu pour moi.

 

 

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Tribute to Corso

  

  

Haïkus

  

sunshine and barking

liven up

almost dead villages

ensoleillement et aboiement

animent

des villages presque morts

rude slope

splash of shoes

 before the twilight

pente rude

éclaboussures de chaussures

avant le crépuscule

*

three sandy wet grooves

a castaway’s passing away

quartz under nails

trois sillons sableux humides

un naufragé décède

du quartz sous les ongles

*

 

 

northern ended days

stays a wintry night

tight survival

 

jours du nord terminés

reste une nuit hivernal

survie tendue

 

*

policeman knocking at my door

last jiffy to look

a stranger’s furnished flat

 

policier frappant à ma porte

dernier coup d’œil

au meublé d’un étranger

*

birth of minimalist art

all around the world

helps me night and day

la naissance de l’art minimaliste

tout autour du monde

m’aide nuit et jour

*

exchanged warm glance

on a sodden hill

with this shivering bird

regard chaleureux échangé

sur une colline détrempée

avec cet oiseau grelottant

 

*

keys of our dreams

open and close

doors of our lives

les clefs de nos rêves

ouvrent et ferment

les portes de nos vies

*

and he saw jointly

the dawn above

his decimated tribe

et il vit conjointement

l’aube au dessus

de sa tribu décimée

*

the sleep smoothes

the roughness

of the days

le sommeil adoucit

la rudesse

des jours

*

 

taking a train

to nowhere

sat in an aware car

prenant un train

pour nulle part

assis dans un wagon conscient

*

lunar smile

in the dark sky

covering a snowy silence

sourire lunaire

dans le ciel sombre

couvrant un silence neigeux

 

*

modern slaves

sing an old blues

in a built field

des esclaves modernes

chantent un vieux blues

dans un champ construit

 

*



unpleasant anger

mixed with

quintessential bliss

colère déplaisante

mixée avec

félicité quintessenciel

*

 

heretic on the block

the freedom in his veins

soon congealed forever

hérétique sur le billot

la liberté dans ses veines

bientôt figée à jamais

 

Tankas

 

a dream is the life

of the energy

into it she’s born

into it

she dies

un rêve est la vie

de l’énergie

en lui elle naît

en lui

 elle meurt

*

dazzled

by the sunset

he accelerates the speed

but will get to home

in the complete night

ébloui

par le coucher de soleil

il accélère l’allure

mais ne rejoindra le foyer

qu’à la nuit complète

*  

walking for many hours

in the cold looking people

he counted his money

just enough

for a burning coffee

marchant depuis des heures

dans le froid observant les foules

il compta sa monnaie

juste assez

pour un brûlant café

  -----------------------------------------------------------------

wind crossing leaves is agree

 

jailhouse cell of this false world

infinite time to write and to draw

for a happy innocent inmate

cellule de prison de ce monde factice

temps infini d’écrire et d’illustrer

pour un joyeux innocent détenu

 

because we'll end

as Beck's lovers

some feet under

parce que nous finirons

tout comme les amoureux de Beck

quelques pieds sous terre

the claimed powerful

and the claimed believers

aspire to too many things

les prétendus puissants

et les prétendus croyants

aspirent à trop de choses

a god bets dollars

a devil bets euros

trout for Brau' and beer for Buko

un dieu mise des dollars

un diable mise des euros

 truite pour Brau’ et bière pour Buko

each word can serve

for the misfortune of a war

or the utopia of a peace

 

chaque mot peut servir

pour l’infortune d’une guerre

ou l’utopie d’une paix

---------------------------------------------------------------------

under the southern sun

hiking boots

 covered with clear mud

sous le soleil du sud

chaussures de rando

couvertes d’une boue claire

climbing higher

man's got colder heart

a more ardent mind

en grimpant plus haut

l’homme nourrit un cœur plus froid

un esprit plus ardent

in any direction

there's only one horizon

straight and soft curve

dans toute direction

il n’y a qu’un horizon

droite et douce courbe

--------------------------------------------------------------



in the hidden park

melancholic dreams

thoughts of another Eden

dans le parc cache

rêves mélancoliques

pensées d’un autre Eden

concrete wars, concrete accidents, concrete diseases

abstracted questionings

about tomorrow on Earth

guerres concrètes, accidents concrets, maladies concrètes

questionnements abstraits

à propos de demain sur Terre

around the house

children's toys' are rolling

dad's bottles too

autour de la maison

les jouets des enfants roulent

les bouteilles du père aussi

--------------------------------------------------

dark days
dried up ocean
and river of rum

jours sombres

océan asséché

et rivière de rhum

 

***
lights of the past
each days less
well-marked
as memories
on a tidal foreshore

lumière du passé

chaque jour moins

bien marquées

tels des souvenirs

sur une plage à marée

***
An evening in july
his last chance with her
took a plane
to iberian lands
one way ticket
 

un soir de juillet

sa dernière chance avec elle

prit un avion

pour des terres ibériques

aller simple

-------------------------------------------------------

crawled pride

 

somewhere branches bud

somewhere flowers wither

wherever you are, whatever you do,

nothing will change it

the silliness are of use to nothing,

the tears either.

the only thing to be made is to hit the ground,

with self-confidence of your light acts.

as in a frenzied dance

when the disgrace becomes beauty.

 

quelque-part les branches bourgeonnent

quelque-part les fleurs fanent

où que vous soyez, quoique vous fassiez

rien n’y changera

la sottise ne sert à rien

les larmes non plus

la seule chose à faire est de frapper le sol

avec la confiance intime de vos actes légers

comme dans une danse frénétique

quand la disgrâce devient beauté

 

 

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 21:21

"The Call of the Wild"

 

Le symbole du Coyote apparait en filigrane dans l'oeuvre de Snyder, emprunté à la culture amérindienne.

Dans le poème qui suit, The Call of the Wild, deux coyotes se cotoyent : le coyote, l'animal et l'homme-coyote tous les deux présents dans les mythes et contes des indiens du nord-ouest américain.

Le premier est une parfaite expression des rapports naturels, appropriée à la montagne et au désert de l'Ouest. L'image du second est appropriée à certains besoins humains. Elle rappelle quelque chose en nous d'imprévisible et de contradictoire : la nature humaine.

 

 

 

 

 

 

 

L'appel Sauvage

 

Le très vieil homme de son lit pendant la nuit
Entend le chant du Coyote
Dans l’arrière prairie.
Toutes ces années de labeur à creuser et à compter.
Un catholique.
Natif de Californie
Et les Coyotes hurlent dans sa
Quatre-vingtième année.
Il fera appel au Gouvernement
A un trappeur
Qui utilise des pièges d’acier sur les Coyotes,
Demain.
Mes enfants vont perdre cette
Musique qu'ils viennent d’apprendre
A aimer

Les anciens drogués des villes
Convertis en gourou ou Swami,
Font pénitence, les yeux brillants
et naïfs, ils ne mangent plus de viande.
Dans les forêts de l'Amérique du Nord,
La terre du Coyote et de l’aigle,
Ils rêvent d’Inde, d'une béatitude chaste et éternelle
 
Et ils dorment dans des dômes géodésiques
Chauffés au pétrole
Plantés tels des verrues  
Dans la forêt.

Le Coyote qui chante
Est mit à l’écart
Car ils ont peur
De l'appel sauvage.
Et ils ont vendu leurs cèdres primaires,
Les plus hauts arbres aux alentours,
A une compagnie  
Qui leur a dit,
"Les arbres sont pleins d’insectes."

Le Gouvernement a finalement décidé
De répendre la guerre tous azimuts. La défaite
Est tout sauf Américain
Et ils prirent les airs,
Leurs femmes à leurs côtés
Aux coiffures bouffantes
Un peu de vernis à ongles sur la détente du fusil
Et ils ne mirent jamais pieds à terre,
Car ils y trouvèrent un sol procommuniste
Et sale
L’affaire des insectes avec les Viets Cong.

Donc ils bombardèrent et ils bombardèrent
Jour après jour, contre la planète
Aveuglant les moineaux
Crevant le tympans du hiboux
Eclatant la chaire des cerises
Tordant et déversant  
les intestins de l’élan
Sur la roche tremblante et poussiéreuse

Tous ces Américains dans des drôles de villes dans le ciel
Larguant du poison et des explosifs
D’abord contre l’Asie,  
Et contre l’Amérique du Nord ensuite

Une guerre contre la Terre.
Après cela, il n’y aura
plus une place
où un Coyote puisse se cacher.

Messager

J’aimerai pouvoir dire
Que le Coyote est en toi

Pour toujours
Mais ce n'est pas vrai

 

Gary Snyder,

Traduction libre Bill Guirado

 

Source : http://blogs.arte.tv/TurtleIsland par Bill Le Coyote et Edward Teach Tchatch

 

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 14:59

  (...)

 

Peu d’individus le ressentent ainsi, beaucoup sont caricaturaux, beaucoup

ont déjà signé et les derniers ne sont que des estomacs sur pattes.

23 janvier 2010

 

La semaine s’annonce critique. Je reste dans la voiture une fois garé, à

attendre que la pluie cesse. Nous sommes dimanche soir. Semaine critique.

Pour la première fois, je vais me présenter à une session d’examens, sans les

avoirs préparés. Je n’ai pas pris la peine d’en relire la moitié. Situation

courante pour des tas d’étudiants. Sauf qu’il s’agit de mes "derniers"

examens, sensés conclure un honnête parcours. Bac +5. Une filière

scientifique. Après, c’est le "marché du… travail".

Stage et sérieux promettent de l’emploi. Quoi? Environnement?

Aménagement et Développement Durable?

Cessons, il ne s’agit là que d’un mauvais business. Valeurs fantomatiques.

Grand saut en aveugle, ou plutôt, avec oeillères. Ce que l’on vous promet,

c’est à 40 ans d’en paraître 50. On vous promet l’embourgeoisement sidéral

pour vos bons et loyaux services. à votre servitude.

Il ne pleut plus. Je sors.

24 janvier 2010, soir

 

 

 

Bientôt un an après sa lecture, et je jouxte mon cas à celui de Siddhartha.

  Jeunesse paisible.  

Mon incursion chez les samanas croît tel un haricot magique. Une addiction

massive et d’une certaine manière, ma façon de dérouler la route. L’ultra

endurance, sur l’eau comme sur terre. à pieds comme à bicyclette. Le

‘surhomme’ Nietzschéen se riant de toutes les tragédies. Composer avec les

forces et formes de la nature, flirter avec Éole et ne jamais être ouvertement

rassasié. Une incursion dont on ne peut revenir au cours d’une vie, et

surtout en pleine jeunesse. La "troisième décennie" ne doit nullement être

amputée d’une thèse ou tout autre forme de corridor de la pensée mais

s’ouvrir et se prononcer pour la spiritualité universelle.

Kamala  n’a pas voulu de moi mais d’autres se sont chargées du boulot…

bien entendu je reste surprenable et aimant, donc sait-on jamais. Il y a tant

de bonnes âmes.

Quant au sansara, je lui dit non pour ce que j’y ai touché, ce que j’en vois,

principe briseur, hologrammes de bonheur, voici mon doigt d’honneur !

samana-Kamala½ Amour-humilité. La nature fera le reste.

Rien d’autre. J’ai fait court. Prenez le temps de lire

 Siddhartha, c’est un"petit" livre libérateur.

 

 

24 janvier 2010, soir

 

 

 

maman, papa, quelque soit la voie de mon choix et l’endroit de mes activités,

je vous garantie un contact régulier avec réjouissantes visites.

Vous êtes dans mon coeur.

 

Fils du soleil.

Des fois, je me demande comment la Terre fait-elle pour rester si calme avec

une telle acné humaine sur le visage ?

Et surtout, Combien pour une petite parcelle de terre cultivable au soleil ?

Et même qu’on me répond par voix intérieure, va voir par toi-même.

Fils du soleil.

 

24 janvier 2010, nuit

 

Tout se passe comme prévu. Mal.

J’ai comme un gros problème.

Satori littéraire à bac+4,5 mention ‘’supercherie scientifique’’.

Ma consommation de yerba mate s’accroît furieusement. Il n’y a que des

‘’bonnes’’ choses là-dedans. Il faut dire que je ne me suis pas méfié, juste

intrigué de voir ce baroudeur de géologue en abuser en sortie terrain il y a

un peu plus d’un an. Sa parole politico-scientifique faisait mouche sur ma

caboche et nous faisait bien sourire. Sans avoir tord, et même plutôt raison,

avec son oeil aguerri pour les structures géologiques et sa rigueur acquise

pour les besoins du métier, il n’en restait pas moins fou. De cette folie

paranoïaque et sarcastique des esprits libres enfermés dans des corps un

peu moins libres, eux-même se mouvant avec heurts entre les affres du

système. Ne pouvant dissocier l’un de l’autre, un contenant, un contenu, il

s’acharne au nom de la transmission du savoir à souffrir. Ses voyages le

maintiennent en vie, sa femme le quitte.

Merci pour le breuvage.

Mes feuilles de calculs sont étalées devant moi, je les vois ‘’floues’’, ne révise

pas, et puis, il y a ce besoin d’écrire. de justifier. Putain de bon breuvage !

ballade de the Band :

 

Whispering pines.

Je remballe.

25 janvier 2010, midi

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Tribute to the Band : « these guys changed my life »

 

 

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les combinaisons gagnantes « aux mains propres » et aux esprits libres

 

Les revendications politico-sociales sont TOUJOURS l’aspect le plus faible.

Monsieur Jerry Garcia.

La quête spirituelle reste pour moi, la vraie question.

Vous aviez raison.

Et c’est ce qu’ont totalement délaissé ou plutôt ignoré les sociétés modernes

dominantes.

On aboutit alors à des situations complexes et litigieuses, un vrai sac de

noeuds qu’aucun homme, même celui possédant l’aisance orale, ainsi que les

compétences foncières, ne peut démêler. Il y a tellement de moutons avides

de consommation ayant une vision du bonheur allant à l’encontre de la

mienne ; de la valeureuse vision Nietzschéenne, de la douce vision d’un

Brautigan, et de bien d’autres. Je le dis avec regret. On ne leur demande pas

d’être des visionnaires en Art, ni des pontes du classicisme, la grâce ne nous

touche que rarement. Ils n’ont pas le talent ni le courage pour créer ou

essayer de créer. Mais au moins, qu’ils aiment le beau, le vrai… au lieu de la

merde bas-étage en exergue et proliférant à la base de cette civilisation

déchue, que l’on tente de supporter par d’atroces moyens. Travail excessif

pour subsister sur la vague scélérate de la production massive consumériste

et si pauvre ; si pauvre.

Le président est la meilleure des marionnettes pour cette situation. Il a les

qualités de son statut. Mais la politique n’est pas la solution, dommage.

De mon point de vue, il se serait pointé torse nu et blue jean, aurait partagé

un calumet de la paix avec les soucieux interlocuteurs présents ce soir,

avant d’ajouter :

 

- « Mes braves, vos angoisses prennent fin ce soir. Prenez le temps de

vivre heureux. Cultivez votre terre et battissez- vous de saines

cabanes. Prenez le temps, jetez vos montres. Chaque cabane doit être

un point relais lors de vos déplacements sur notre désormais, vaste

territoire. Allez-en paix – Amusez-vous – Je vous aime – mes braves. »

  La fin est facultative, point trop n’en faut ; d’ailleurs :

- « Mettez de la musique dans vos âmes et vivez éveillés »

aurait été plus judicieux.

25 janvier 2010, nuit

 

Le manifeste de Kaczynski et Howl de Ginsberg enfin dans mon sac !

Un petit coucou au passage, aux R.G. ; un coucou du genre

Salut d’Amour de Lawrence Ferlinghetti.

Souvent on me demande ce que je fais. Je le leur dis.

Ils me répondent : « Oh, c’est bien », « Ah, ce doit être intéressant. »

Je rajoute « Oui, c’est intéressant. »

Je voudrais leur parler, moi, de l’échec d’une réussite.

26 janvier 2010, matin

 

 

Je m’apprête à me coucher. Vaisselle faite. Toilette faite. Chaque chose est à

une place à peu près convenable. Le gros ménage attendra.

La lampe, un livre, du Buko encore, Pulp, le dessert du repas quotidien. Mais

non, il manque… un besoin nouveau, récent. Il faut que je gratte quelques

lignes. Quelques lignes pour ponctuer ces deux derniers jours de grand

n’importe quoi !

Je suis l’artefact, le sorti d’orbite, mes traversées sont éclaires, sans

emprises et peu d’appuis.

Les individus de ma promotion sont robotiquement imprégnés et tendus par

ces ultimes examens, et foutument bien préparés ! Mes amis suivent le cours

de leur existence, de leur mieux.

Je tente un courrier électronique désespéré à une boutique toulousaine de

prêt à porter biologique, affichée commerce équitable, vêtements, bijoux et

surtout, yerba mate ! Le site, je regarde à peine, deux ou trois prix glissent

devant mes yeux, me semblent bien élevés. Je vois "contact’’ ; nous sommes

lundi. Je clique puis tape :

 

« Bonjour,

Gros consommateur de yerba mate, ultra sportif, défenseurs des

cultures traditionnelles, et artiste à mes heures (majoritaires en ce

moment), je suis actuellement encore étudiant en sciences (damnation)

(bac+5 qui n’est pas sûr d’aboutir).

Néanmoins, je souhaiterez savoir si, via vos contacts ou au sein même

de votre boutique, il n’y aurait pas un poste pour mes incompétents

(quoique) mais empressés services ! (en métropole ou même, Amérique

du sud) Cordialement, »

J’oublie.

 

Aujourd’hui je reçois :

« Bonjour,

Merci d’avoir pensé à nous. Malheureusement, l’année 2009 ( et ses

turbulences) nous a été fatale. Le manque de trésorerie ne nous a pas

permis de lancer de nouvelles collections. La mort dans l’âme, nous

avons fermé boutique et sommes en train de liquider la société.

Dommage… Bonne chance pour vos recherches

Cordialement, Isabelle. »

 

Tentative idiote, inappropriée , utopique

Réponse désolante, sincère, édifiante, prévisible ?

Rire sarcastico-sardonique, de moi, de cette boutique, de la situation,

particulière, générale, nationale, mondiale.

Burlesque ! je cherchais le mot.

et une de plus.

26 janvier 2010, nuit

 

 

Servitude des pensées.

Voyez m’en navré de ne point être plein d’enthousiasme face à la toujours

plus jaillissante avidité dont font preuve les occidentaux qui m’entourent. Un

jour, un regretté marginal entraîneur de Javelot m’a dit un truc du style : «

Tu n’aurais pas de sang africain par hasard ? » faisant allusion à mon flegme

naturel, cette manière d’écouter avec calme et distance, ce léger air béat,

surpris et émerveillé.

J’ai des préjugés sur les chinois modernes, leur obéissance mécanique me

gène, leur nombre me choque, leurs migrations m’interpellent. Et lorsque je

vois leur armée défiler je plisse les yeux de dédain.

J’apprécie les coréens. D’ailleurs, je m’approvisionnais en yerba mate dans

une épicerie fine coréenne, « un magasin de thés » comme me le précisa cette

après-midi, ma sympathique, affable et très humble vendeuse. Je suis un

client particulier, sûrement attachant quoique étrange. L’étudiant, seul

buveur exclusif de maté vert du brésil, capable de toutes les fantaisies

comme celle de lui proposer spontanément ses services dans cette petite

boutique d’à peine 8m². Je voyais pourtant bien que les journées lui

semblaient déjà longue, à elle…

Alors j’ouvrirai une épicerie fine de produits normands, camemberts,

calva…en Corée, je lui lance. Elle rit. Brave personne, vraiment gentille. Mais

elle ne s’imagine pas à quel point je l’envie. Cette idée de magasin de thés, de

petit magasin de thés. « un an et quatre mois » qu’elle et son mari (qui

poursuit encore des études parallèles parisiennes) se sont installés. « difficile

au début mais là ça va ». Il doit falloir se lancer et jouer avec la chance

comme à la roulette russe. Et de la volonté.

Le rouleau compresseur concurrentiel ne laisse pas de traces sur les

bitumineux terrains du business.

27 janvier 2010, nuit

 

Aversion complète et irréversible pour les infinies lignées rutilantes qui les

conduisent au purgatoire chaque matin et les ramènent aux murs casaniers

sous contrôle câblé, le soir.

Accablante parade à l’automatisme psychotique.

Ma journée rayonne malgré ces six heures d’examens sur table, pour la

forme, le heurt est pour plus tard. Rayonne, car se profile en mars le Blues

puissance exponentielle. Un mythe woodstockien et la relève explosive,

Johnny Winter, Popa Chubby et Eric Sardinas se produisant la même

semaine dans un périmètre restreint de Beauvais à Rouen où je serais selon

toute vraisemblance à cette période, enfin, cette fois c’est certain. Deux dates

que je ne manquerai pas.

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Tribute to Johnny Winter – Thru the years

 

 

Le virtuose albinos texan toujours vivant, le rageur Eric Sardinas et sa

dobro, un son unique ! et l’excellent bonhomme, Massif Popa Chubby.

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Blues Rock Power

Alors pensez-bien, six heures de partiels, catégorie : merde et bricolage ; je

ne connais pas les choses assez dans le détail, laissez moi écrire ! à ce sujet,

la phrase d’en tête du jour, après qu’elle ait allumé pour la journée le feu de

la révolte, il m’a fallu la noter, la feuille bleue de brouillon de cet examen fera

l’affaire, de toute façon je suis en avance, je sors toujours en avance. La

dernière est pour demain, grand chelem en vue. Les derniers seront les

premiers. Ou l’inverse ?

28 janvier 2010, nuit

 

Toute chose est superflue. Ou pour reprendre le concept… rien ne s’est

passé. Nous ne vivons qu’à cet instant et encore, nous ne le vivons déjà plus

au moment où nous le prononçons. Ça, du zen approximatif ? je l’accorde,

mais c’est pourtant ce qu’il m’est venu à l’esprit après 5h30 de vélo. Pour

avoir croisé 2 cyclistes et avoir été doublé par 3000 automobiles.

Effrontément doublé. Pour moi, une négligence qui mériterait châtiment.

A toute heure et en tout lieu je m’imagine récupérer le flambeau de Theodore

Kaczynski, pour la chute de la société industrielle !

Cela peut paraître désolant, il y a néanmoins là-dedans un certain

humanisme ou du moins, un amour pour l’état d’une vie originelle, pleine

d’humbles vertus et d’…

Je ne pourrai plus renier l’état de conscience de mes 22 ans. Je n’en fais pas

le serment, mais m’en défends et me donnerai vulgairement corps et âme…

et comme j’aime à le dire, sans concession.

30 janvier 2010, soir

 

Au grands jeux des Utopiades je tiens la pôle.

La ‘Beat generation’, bien que tout autre, avait pour appui la ‘Génération

perdue’. Et qu’avons nous ?

Quelques décades molasses, (un) rebattu de flou artistique.

La thema de ce soir m’a donné soif. "L’ivresse des poètes’’.

Tout ce que je peux dire, c’est de n’être ni du second bord, ni d’avoir encore

usé du premier pour écrire… sous l’emprise éthylique d’une joyeuse

beuverie. Mais que dans le fond, souffrir doublement est une idée

intéressante. Un peu trop désespérée mais intéressante. Cependant victime

de l’effet ‘’ruée vers l’ouest, l’or, l’éden’’ propre aux choses intéressantes ou

semblant l’être. Seuls les meilleurs tisserands boiront jusqu’à tirer leur

épingle du jeu de bouteilles. Les autres alimenteront la sous-classe

végétative : poivrots "bas de gamme’’.

« dépasser l’acide », dépasser l’alcool, il est très difficile de dépasser une

addiction. En recréer les effets par une voie autre. Cela revient à choisir

entre la grisante illumination (parfois illusoire) de caresser , au mieux, le

corps complexe ingénieux et tourmenté de la création ; au pire, de se

contenter d’une décharge hagarde, auto-traitement sans ordonnance qu’il

vaut mieux s’administrer chaque jour tant le ciel à l’horizon n’annonce rien

d’optimiste ; et, l’autre choix, le monde dépourvu de stimulations, celui du

conformisme, où s’oublier soi-même est un savoir vivre.

Et tout le Golgotha populaire oeuvre dans ce sens.

Donc, si vous n’avez pas entrevu la brèche dans la lisière, alors la clairière

vous comblera sans trop de difficultés d’un confort apparenté au bonheur.

N’est-ce pas là le but de chacun ? et tant pis qu’il faille manquer la

palpitante éblouissante grandeur du monde sauvage libre.

Il me faut corriger, car en réalité, je ne l’y ai pas trouvé, le bonheur dans

cette clairière, ou bien factice car enfantin, je ne l’y ai pas vu non plus chez

les autres, c’est, hélas, cela le plus affligeant. Ce confort rend mou et

peureux. Seule l’angoisse travailliste subsistancielle permet de ne pas y faire

face ! hors, voici donc, un joli cercle vicieux, n’est-il pas ?

Johnny Cash n’a jamais chanté ‘’Wanted man in Normandy’’, et ne chantera

plus, que je sache.

31 janvier 2010, nuit

 

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Fichues cloches scélérates,

Comme le rappel d’une sonate suprême,

Qui vous aurez couvé,

Depuis l’albumen, jusqu’au dernier chant,

De la dernière aube.

 

Etreintes fragiles sur planches chancelantes.

Dehors, le monde s’agite, s’affole. Elle le sait, je le sais. Je n’ai pas faim, je

n’ai pas froid, il me semble que je pourrai survivre ainsi une éternité.

Il m’arrive de ressentir cela aussi lorsque je cours, la mobilité en plus, une

telle compagnie en moins.

L’espoir est un saule pleureur de vallée glaciaire, figé dans l’hiver infini.

J’aimerais en ce moment, cueillir moi-même mes figues, les partager, les

faire sécher, à l’aube d’une journée radieuse, d’une région nouvelle,

verdoyante, aux roches saillantes et à l’éclat vierge de toute pollution.

01 février 2010, midi

 

Le soulagement ne peut venir que d’une décision franche, sans contrepartie,

sans balbutiements… d’un autre côté, il n’y a pas non plus de grand

discours à faire.

Je me surprends encore à suivre la suite des enseignements prévus à la

l’université, au lieu de monter le "Projet", du jeune, étudiant, perdu dans son

temps et voulant à tout prix ressentir les contraintes telles des frappes

sèches d’un fouet sur un cadavre. La réussite m’a souri jusque là, pourquoi

pas continuer de "faire semblant" d’avoir sa place. D’autant que je viens de

recevoir un nouveau courrier électronique :

 

« Merci pour votre message mais je ne vois pas au sein de notre

entreprise aucune possibilité pour le moment. Pour ce qui est des

contacts, difficile aussi car les entreprises que ce soit en Europe ou en

Amérique du Sud sont plutôt en réductions d’effectifs compte tenu des

incertitudes qui planent pour tous. Je vous souhaite bon courage et si

jamais vous aller en Argentine, je vous donnerai une liste d’entreprises

pour contacter sur place et demander un entretien. Qui sait, étant sur

place et avec un contact direct, si vous aurez une possibilité au moins

expérimentale.

Cordialement, Gonzalo Cruz »

 

Chaque réponse est intéressante, même si ce n’est que la seconde que je

reçois. Cette fois-ci, il possède une liste, qu’il me fournirait volontiers si

demain, j’ouvrais les yeux à Buenos Aires.

Alléchant pieds de mur.

02 février 2010, nuit

 

L’américanisation de l’Amérique a tué la plus lucide et vivante génération.

Je souhaiterais que l’américanisation de l’Europe en ravive le souffle

désenchanté.

Je me demande si ces râles d’estomacs viennent de mon alimentation trop

variée, incluant quelque mal-bouffe inéluctable, compressée par des heures

de pénitence bien longues sur les bancs universitaires ; ou viennent-elles de

l’imposture inconfortable de ma situation. Il faudra veiller à ne pas s’en

accommoder, réfléchir juste, de manière tranchante.

Je suis en classe, nous attendons l’enseignant…

« Pourquoi le gazouillis d’être humain qui bavardent paraît-il aussi creux ? »

Charles Bukowski, je t’adore.

04 février 2010, matin

La politique se penche sur les problèmes mais oublie de se relever.

Il n’y a rien de plus indéfectible que ce dont "tout le monde parle".

Les catastrophes, ou phénomènes naturels causant de nombreux dégâts sur

les populations et leurs installations sont regrettables. Et dans une certaine

mesure ‘’tempérée’’, un prix clément à payer pour la vanité humaine.

Les catastrophes, ou phénomènes du genre 11 septembre 2001, sont à

méditer. Tous les grands spécialistes en divers domaines se sont exprimés,

historiens, politiciens, économistes…

La symbolique d’un tel acte, et ils sont formels, est démentielle ; dans tous

les sens du terme, j’ajouterais.

L’Amérique est un symbole bâti sur des symboles. En en détruisant la tête…

Je tempère cette insinuation condamnable, car si ma démarche de m’inscrire

dans une certaine "contre-culture" effrite surtout le monde occidental ; je

possède un mépris plus grand (disons équivalent) à l’égard de ces sociétés

armées (ou ayant accepté de s’armer) au service d’idées de prophètes

assassins. Aux croyances déshumanisantes, ce n’est que mon intime impie

ressenti. Je suis bien trop limité pour en dire davantage, ce n’est pas mon

monde. Peut-être simplement qu’ils n’auraient pas engendré de tels furieux

si le ‘gentleman’ Occident s’était gardé d’une telle fierté, et lui aussi, d’une

telle soumission déifiée.

Je me demande si des anarchistes moraux, follets à tendance hippies,

existent dans ‘cet’ Orient-ci.

‘’It Makes No Difference’’ fredonne Rick Danko et le riff délicat de Robertson

m’enveloppe d’une humanité exagérée. J’aspire les dernières gouttes dans

ma calebasse.

 

Joindre l’image aux mots.

Je me rends compte qu’en écrivant, mon projet d’art séquentiel, ma bande

dessinée, avance toujours moins vite. Dans l’idée, la visée est la même que

mes écrits. Je pense depuis ce matin à concilier les deux, ainsi, seuls les

passages au vif désir d’illustration accompagneront ces brefs "frissons

marginaux", "frissons solaires" que je ressens, en véritable "ange de la

désolation’" ; Kerouac a ici, selon moi, posé le titre parfait.

Quelque chose prend forme, au dessein non conformiste.

04 février 2010, soir

 

Piscine fermée, stade désert, un vendredi soir.

D’accord, ce n’est qu’une bourgade de campagne, toutefois je suppose que

les bibliothèques et salles de concerts accueillent des comités restreints… en

revanche, les rues ne désengorgent pas et à coup sûr, les audiences

télévisuelles vont crescendo à cette heure.

Je bouillonne d’un mépris magmatique qui me rendrait sûrement

antipathique voire détestable, au regard mono-focal téléguidé du troupeau si

j’en venais à en déverser de manière virulente, éruptive. Contentons-nous

d’une coulée visqueuse moins tape à l’oeil. Cheminement lent.

Contournement d’obstacles.

05 février 2010, soir

 

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"Soul conversation"

 

Mon cher cousin, j’aimerais t’initier,

Au blues, un bluesman français, multi-genres, blues, soul, rythm’&blues,

Chicago blues, Mississippi blues.

Jean-Jacques Milteau.

Tes réponses hésitantes et timorées ne te ressemblent pas, et tu voudrais me

crier : « Non, ta réalité m’effraie, je veux encore voguer parmi les flots

éphémères »

Je te répondrai que tu devrais profiter de la présence de ton cousin, en ce

jour…

Et puis, cette musique, elle, pourra te surprendre.

« Cette musique a besoin d’oreilles, contrairement à d’autres »

 (J.J. Milteau, 12 février 2010)

06 février 2010, nuit

 

Quand vous ne croyez plus à ce que vous faites, il vaut mieux prendre une

grande et profonde inspiration et ne plus vous retourner. Au petit jeu des

mails spontanés délirants, je réponds à monsieur Gonzalo Cruz :

« Je vous remercie de la réponse. Et vous avoue que l'envie formidable

de rejoindre ce pays m'accapare le corps et l'esprit.

Il ne manque que l'argent pour foutre le camp. ça suffit.

Tenez-moi au courant s'il y a du changement chez vous, il en va de

même pour moi; auquel cas votre liste me sera utile. Je m'en vais

poursuivre un stage de fin d'études quelques temps, dont la maigre

rémunération (pour le monde occidental d'aujourd'hui) sera hélas,

avidement attendue. Bien cordialement, »

Je reprends Céline, il semble faire mouche, les services "incompétents mais

empressés" c’était lui. Le "(…) ça suffit" c’est encore lui.

07 février 2010, midi

 

Ce matin, vers dix heures, pour ceux qui aiment ce genre de précision, le

téléphone sonne, je ne décroche pas. Sûrement la grand-mère maternelle. Je

suis seul au domicile familial, en calbute, en train de me brosser les dents.

J’ai ma tête de ‘terroriste’, ma tête de fin de semaine, hirsute et rasé de loin.

On sonne à la porte, en jetant un oeil par la fenêtre j’aperçois en contrebas le

break bleu ‘’Gendarmerie Nationale’’. Le mini lévrier à sa maman assourdit

les secondes qui suivent. Je sais très bien que ce n’est pas pour moi, mais

l’inévitable et justifiée paranoïa s’empare de moi. Ça y est, on a intercepté

certains e-mails et mon activité sur un réseau social en ligne a dépassé

certaines limites. On me déclare ennemi de l’Etat, « veuillez nous suivre au

poste ». J’enfile vite fait un minimum, puis descends ouvrir.

 « on vous réveille peut-être ? »

- « mmm…NON ! »

Le duo désormais classique du type à l’expérience et de la jeune novice dont

l’uniforme me laisse toujours un sentiment d’interrogation et de fantasme

stupide.

Finalement rien. Une voiture remise au concessionnaire par mon paternel, il

y a plus d’un mois, vient d’être signalée à l’abandon depuis quinze jours,

accidentée en bord de route. Véhicule qui serait toujours à son nom… allez

savoir.

Ma fine barbiche à la maître zen leur fait un signe obscène renversé, ils ne

peuvent pas saisir. Chacun s’en retourne.

07 février 2010, soir

 

Retour nocturne, mains sur le volant, yeux sur le compteur, le ‘Still Alive

and Well’ de Johnny Winter pleine balle lui par contre, et le cortex frappé de

décharges cosmiques, recherchant ses petites mains dans l’entrelacs

cérébral pour tenter d’y graver n’importe comment, de vibrantes tirades.

De tous les avis, seul prévaut celui du décisionnaire de publier.

07 février 2010, nuit

 

La révolte du XXIe est à ce jour en couveuse, silencieuse. Les propos

anarchistes, les nouveaux maux du siècle, fourmillent dans une toile

invisible qui semble leur suffire. Les réseaux informatiques, où les blogs font

office de crachoirs. 8h, heure du taf, on déconnecte. Affligeante faiblesse. 8h,

pas de taf, mais une gueule de bois du tonnerre et pas capable de distinguer

si elle est plus ou moins corsée que la dernière ; en espérant que la

prochaine arrive vite et les efface toutes les deux du tableau d’affichage.

07 février 2010, nuit

 

Mes journées pourraient être des scènes d’un film de Jarmusch, je déambule

bien trop seul ou mal accompagné sur l’autoroute tracée par l’accumulation

d’honorables résultats à l’école.

Je butte sur la limite du supportable, une brise inédite m’apparaîtrait tel un

soupçon salutaire suffisant pour franchir cette limite, vers le meilleur peutêtre

pas, vers une liberté accrue vitale, il y a des chances. Je continue

d’entrouvrir des portes en attendant. Je continue de faire semblant en ne

dissimulant point mon dégoût, sans qu’il ne m’envoie pour l’instant à l’asile.

Je continue. Je continue. Je continue à creuser ce sillage ultime, ce méandre

forcené, à la fois terrier étouffant et terrain vague ensoleillé, gracieuse

fertilité pour toutes mes espérances.

08 février 2010, après-midi

 

Celui qui a inventé le sommeil n’est-il pas le seul génie qui ai vraiment

existé ?

Il n’y a uniquement que lorsque je suis éveillé, que je ne baisse pas la garde.

Ces paroles ne me ressemblent pas et pourtant… après une délicieuse et

trop courte nuit des plus confortables. Ah le confort ! j’en préférerais un tout

autre, me lever avec l’éclatante beauté de la nature à mes côtés, déjà ivre à

l’idée de n’avoir qu’à la chevaucher et la caresser, un jour entier.

Les sociétés occidentales sont à l’image d’un karaoké entre rivaux, beaucoup

de bruit pour rien.

09 février 2010, matin

 

12 février. Jean-Jacques Milteau en périphérie caennaise. Ça ne tente

personne, je m’y rend seul et en avance. Je crains le verglas accompagnant

la tombée nocturne, et qui m’a déjà mis en difficulté deux jours plus tôt.

Un peu de marche, jusqu’au grand centre commercial cosmopolite de ce

genre de ‘banlieue’. Vendredi, fin de journée. Les cadis sont pleins et les

traits tirés. Je passe en caisse pour 0,90 centimes de biscuits à la figue. En

galerie, je cède pour un menu "latino’’ d’une sandwicherie. Le deuxième est

offert, il peut bien, pour le prix que je lui laisse.

Je m’enfile alors un "argentino" (voilà l’infantile raison !), le "mexicano"

offert, les deux, légèrement réchauffés. Corsés mais c’est un régal. Je

remonte la pente à l’air frais urbain, puis termine biscuits, brioche, au jus

de pomme, en siégeant ma sacro-sainte et maudite auto. A côté de la salle de

concert, face à la salle de boxe où ça n’envoie pas du lourd. Je suis vraiment

en avance… encore une bonne demi-heure à zoner, méditer, appréhender et

savourer.

Des connaissances ont décliné, prétextant un public trop âgé, une soirée

occupée, ou un désintérêt non dissimulé.

Finalement, la petite salle est comble, ici, ça envoie du lourd, et de l’émotion.

Le siège à ma droite, reste étonnamment vide.

12 février 2010, soir, nuit

 

Rencontres fantomatiques et summum du dépit.

Face aux responsabilités, je choisis l’utopie.

On appelle cela, crise d’adolescence chez une tranche d’âge assez juvénile,

un état passager, transitoire, crise d’adolescence, j’appellerais ça, crise sous

influences. Par opposition à procréée, nourrie en et par soi, existentielle si

l’on veut. Une crise de négativisme mimétique, un vilain mélange.

Chez l’adulte, jeune ou non, on appelle ça folie et Bukowski de renchérir :

« ceux qui ne deviennent jamais fou, quelle horrible véritable vie ils doivent

avoir. »

L’Argentine "freeride", m’accapare le corps et l’esprit.

13 février 2010, nuit

 

Consternantes épopées de mes jours les plus ternes.

Je ne veux pas qu'on m'enferme, m'assourdisse, d'affligeantes mélopées.

Fuyons, fuyez, je fuis. Seul! Trop fou pour vous, tant bien même que nous

partagions passions, idées, bons moments, trop courts. Trop fou.

D'abord, je ne fuis pas, je me libère, de ça, que je ne tolère.

Pâles oraisons d'une funeste, tueuse machination, j'ai mal,

au fond, de l'incestueuse dégradation.

De notre temps, de votre temps, de mon temps.

Tout ceci est trop mou. Je veux grimper, danser, jouir et dormir.

Ce n'est pas si différent de vos désirs et pourtant,

ma paix et mes rythmes échappent à la voûte d'ogives monocorde aux

dorures assassines,

du consensus magnanime.

Regret ou nostalgie d'un temps immémorial où un dollar valait encore un

dollar.

Mon esprit erratique quittant ce Cirque grotesque glacé.

Je serai conquistador fuyant l'ElDorado.

15 février 2010, nuit

 

Fantômes de mes nuits, d'instants bels et bien tus.

Je marche vers l'infini jusqu'à n'en pouvoir plus.

Terres arrachées par des hordes sans gène. Qu'ils se méprennent,

je ferai face à tant d'inconsciente haine.

En lui tournant le dos j’oeuvrerai, dans l'extase, au boomerang sans retour,

destructeur et sans leurre.

Et même si les mots, le papier, les idées, des plus grands esprits réticents et

rebelles, n'ont pu envenimer suffisamment à la source de la décadence,

structure de calculs malhonnêtes.

J'ajoute ma contribution, j'abandonne ce jeu trop sérieux.

Le fou éternuant.

À tes souhaits renversant, le plateau de société, et ses pions, et ses rois.

18 février 2010, midi

 

Je ne me souviens pas avoir entendu parler du commandement: tu étudieras

pour t'engraisser les poches plus tard, contre un peu de saine angoisse.

De toute façon, je ne me souviens plus non plus des autres, hormis peut-être:

« Tu ne tueras point. »

Point.

19 février 2010, soir

 

Haikus ?

L'homme avance à grands pas

la faucheuse galope vers lui.

Les poèmes trahissent les faiblesses du coeur

je ne suis pas écrivain.

La tour d'ivoire s'érige sans encombres

Unabomber observe sous les verrous.

Le soleil reflète la terreur

peu d'endroits où il ne brille pas.

Ce cinéma est nivelé par la pente

tous ses sièges sont semblables.

Je n'aime pas être assis

et préfère le grand air.

Une farandole de gadgets tourbillonne sur la planète

seules quelques feuilles imprimées évoquent le cosmos.

L'homme avance à grand pas

l'autoroute est funèbre.

20 février 2010, matin

 

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 12:51

Hola todos,

Nous lisons et re-lisons, nous nous rappellons, nous débattons et prenons plaisir à parler de la Beat Generation sur ce blog...du Kerouac par-ci, du Snyder ou du Ginsberg par là, du Burroughs...et de la littérature contestataire...du Abbey, du Bukowski...

Aujourd'hui, je vous propose un nouveau thème à ce blog, que je mettrai dans la colonne de droite de cette page d'accueil et que je nommerai "La relève de la Beat Generation".

Et cette relève, c'est vous!!!
...car je vous invite tous, amoureux, accros à la littérature beat et à la contre culture, de laisser s'exprimer vos talents de poète, d'essayistes et pourquoi pas de romanciers sur ce blog.

Si la plume vous chatouille de temps à autre et que vous écrivez (sans vouloir forcément devenir un "Marc Levy"...que Dieu vous en préserve!!!),  que vous vous imaginez tel un Sal Paradise plus inspiré que jamais accompagné d'un Dean Moriarty au volant d'une furieuse auto traversant l'Amérique d'Ouest en Est et d'Est en Ouest...c'est le moment!!!

Vous désirez parler de folie, de drogue, de cette société de consommation que vous rejetez en bloc, de musique, de sexe, de voyage quel qu'il soit...

...allez-y, je vous prête ce blog le temps d'une évasion!!!

Envoyez moi vos écrits et je les posterai avec grand plaisir!!!
Voici mon adresse mail : olaf.vinklaf@hotmail.fr






Et pour commencer aujourd'hui, je tiens à saluer et remercier le tout premier :
Vince Larue.

Vince est un passionné de Blues (en particulier de Johnny Winter, d'Eric Sardinas, de Popa Chubby...dont il met en scène dans de superbes "illustrations Rock" qui peuvent également, aller de The Band à Grateful Dead...bientôt disponibles sur ce blog).

Vince carbure au Yerba Mate qui, pour le citer :"subjugue (ses) inspirations, apaise, dynamise, maintient en forme..." tout comme le sport (Triathlon, Marathon...) qu'il pratique assidument.

Ce qui attirera notre attention ici, c'est que Vince est un poète Beat à ses heures mais "c'est surtout par Hermann Hesse que tout a débuté" pour lui...(Steppenwolf, Demian, Siddhartha, Narcisse et Goldmund, Le jeu des perles, Knulp...) sans oublier Kerouac ou encore Nietszche...
Ses dernières lectures? "Les portes de la perception' d'Huxley, "Bandini" de Fante, "Crimes et Châtiments" de Dostoïevski...

Alors imaginez bien que lorsque Vince tombe sur un papier et un crayon, lorsque les riffs de blues donnent le tempo, lorsque le monde d'aujourd'hui dans lequel nous vivons lui impose une reflexion poussée sur notre existence même...le résultat est transcendant!!!

 Voici la première partie de ses écrits ainsi que quelques unes de ses illustrations les accompagnants...

 

La relève est assurée !!!


Je vous laisse le découvrir et apprécier...

Bonne lecture à tous et n'hésitez pas à m'envoyer les vôtres!!!


-----------------------------------------

  "Frissons solaires d’un ange de la désolation" par Vince Larue


Cri muet, à la mémoire

de la Beat Generation.

Parfois, quand la lumière s’éteint, je pleure.

Par où commencer ?

Par ce qui m’a fait descendre les marches de mon duplex,

récupérer papier et crayon, je crois. pour la première fois.

Je venais d’éteindre la lampe et Chet Baker poursuivait, de sa voix berceuse.

Parfois, quand la lumière s’éteint, je pleure.

Je venais de refermer

Kerouac City Blues, recueil hommage à Jack Kerouac

dont je m’acquitterai d’une longue analyse élogieuse et personnelle à son

égard, par respect. Simplement dire que ces témoignages de contemporains

ou non, me compressèrent le coeur, m’étreignirent l’âme.

Cette fois, la lumière est éteinte, et je pleure.





Après Lui, le déluge.

Et moi, je ne suis qu’une entité emportée par le déluge, saisissant au

passage un rayon de bibliothèque, juste celui qui me correspondait.

Autant dire, un moyen de précipiter ma noyade,

avec le goût de l’amertume en plus.

Bukowski, Céline, Dostoïevski, Nietzsche, Hesse et bien sûr Lui… Kerouac.

Juste le rayon qui me correspondait.

Après ça, plus grand chose n’a de sens. Tout est aberration.

Je ne suis Que résident français du XXIe,
 on ne m’en voudra pas de répéter,

alors, Pourquoi ?

Pourquoi la masse grouillante et bruyante est-elle pourvue d’une sensibilité

différente, ou bien pourquoi la mienne, de sensibilité, me bouffe-t-elle à ce

point ?

Je saurais encore me rendre compte de mon erreur ;

Mais après ces lectures, ce n’est pas moi qui ai tord.

Alors pourquoi ?



Dehors, la pantomime.

Et le bruit, de surcroît, un bruit mécanique, régulier, redondant.

Un bruit toléré, bien plus évocateur pour moi, que les échanges vocaux ;

- « Bonjour, comment allez-vous… » (Bruit de camion).

J’ai progressivement délaissé les cahiers pour les livres, les salles de classe

pour les routes et chemins. L’avenir certain pour l’incertain.

Foutu pour foutu ; je m’interpelle encore de ne pas trouver plus d’individus

dans mon cas. Comme le sentiment effrayant que le nombre engendrerait la

médiocrité.

‘‘Oui, l'homme a la vie dure ! Un être qui s'habitue à tout. Voilà, je pense, la

meilleure définition qu'on puisse donner de l'homme.’’ avait écrit

Dostoïevski, et il avait raison. Et ça me déprimait vraiment.

 



J’ai une idée par demi-journée concernant ce que je pourrais faire au lieu de

faire ce pour quoi j’ai passé tant d’années à étudier.

Des années presque entières à marteler un cerveau qui a cédé au cours de

l’année écoulée. Les révélations et stimulations l’ont emporté, la fureur de

vivre en quelque sorte, la béatitude extatique dépourvue d’artifices

s’affichant sans complexe avec ses souffrances: son inadaptabilité au

contexte actuel, son incompatibilité aux esprits conditionnés.

J’ai vidé ma calebasse de

yerba mate et Dylan me hurle ‘’Forever Young’’

dans l’oreille gauche, j’y suis sensible, The Band accompagne.

Chaque jour achevé est un soulagement… le heurt sera pour plus tard.

Quel risque de se soumettre par conviction à des résurgences ’’beat’’,

soixante ans après l’envol des premières poussières belles et bien balayées

aujourd’hui.


Les études m’ont poussé à bout, j’ai commencé à écrire.

Les lectures m’ont donné le goût, j’ai commencé à écrire.

Il s’agit pas de rien dire, il s’agit pas de surjouer.

Tout semble s’écrouler en se développant et on pousse

encore les jeunes pousses

à entrer dans le schéma mal bâti des anciens.

Je me moque d’ailleurs de connaître les responsables.

Simplement rappeler l’idée et reprendre cette phrase,

qu’ériger une tour, Dubaï ou l’Empire State…

« c’est mettre un doigt au cul du ciel »

c’est intolérable, c’est s’afficher.

Mais tout ce qui est moins visible et tout aussi bétonné l’est autant.

Laissez filer je vous demande, et il n’y aura pas longtemps à attendre

le salut.

Celui des corps et des esprits,

 

alors les faces se haleront délicieusement sous les rayons solaires

et nous vivrons enfin.

Délaissés de nos angoisses antérieures.

 

 

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 09:30

Gregory Corso (26 mars 1930 - 17 janvier 2001), est un poète américain.

Il fut le quatrième membre majeur de la Beat Generation, aux côtés de Jack Kerouac, Allen Ginsberg, et William Burroughs.
Incarcéré à Dannemora pour vol en
1947, Gregory Corso se plongea dans la littérature, pour commencer à écrire de la poésie. Une fois libéré en 1950, il retourna à New York où il rencontra Ginsberg dans Greenwich Village (au « Pony Stable »). Ginsberg présenta peu après le jeune Corso aux autres membres de la scène Beat. Son premier recueil de poésie fut publié à compte d'auteur en 1955 (avec l'aide d'amis de Harvard, où il avait suivi des cours) : The Vestal Lady on Brattle and other poems (inédit en français). Cette première publication eut lieu un an avant le premier recueil de poèmes de Ginsberg, et deux ans avant le Sur la route de Jack Kerouac. En 1958, Corso avait étendu son répertoire poétique, qui fut publié sous la référence numéro 8, de la série poétique « City Lights Pocket Poets » sous le titre Gasoline/Vestal Lady on Brattle.

Il n'y a pas grand monde généralement pour défendre les qualités littéraires de Gregory Corso, l'un des quatre chevaliers de la Beat Generation (avec Kerouac, Burroughs, Gingsberg). Corso n'a écrit qu'un seul roman, The American Express, une sorte de farce bizarre où le narrateur attend des chèques qui n'arrivent pas, et quelques poèmes dont tout le monde se contrefout. Son plus célèbre reste "BOMB", un poème calligraphique en forme de champignon nucléaire qu'il balada ensuite sur les scènes de plusieurs festivals anti-nucléaires, comme celui qui est filmé ici à Rocky Flats, à Denver dans le Colorado. "BOMB" est un poème excellent dont voici la flèche ou le pied du champignon.

 
Yes Yes into our midst a bomb will fall
Flowers will leap in joy their roots aching
Fields will kneel proud beneath the halleluyahs of the wind
Pinkbombs will blossom Elkbombs will perk their ears
Ah many a bomb that day will awe the bird a gentle look
Yet not enough to say a bomb will fall
or even contend celestial fire goes out
Know that the earth will madonna the Bomb
that in the hearts of men to come more bombs will be born
magisterial bombs wrapped in hermine all beautiful
and they'll sit plunk on earth's grumpy empires
fierce with moustaches of gold

Le poème dans son intégralité : http://www.litkicks.com/Texts/Bomb.html



  Ce qui frappe dans cette vidéo..."Bomb" (1958), c'est bien entendu l'intensité de la prestation de Corso, un homme déterminé et presque illuminé (très catholique). L'oeil est habité par le texte et le texte... par l'oeil. Il faut apprécier le contraste de la violence verbale et la passivité idiote des post-hippies. Pour l'anecdote toujours, il faut savoir que le poème anti-nucléaire était parfois perçu très mal lors des rassemblements, tout simplement parce que Corso avait réussi à suggérer par la voix, l'impact d'une bombe et qu'il dégageait, comme on peut le voir ici, une sorte d'énergie barbare peu compatible avec l'idéologie Peace & Love. Le texte du poème lui-même est ambigu entre répulsion et fascination pour les dégâts nucléaires.


Gregory CorsoCe qui est fascinant chez Corso, par delà ce qu'il écrit, c'est évidemment sa vie. Enfant de deux immigrés italiens, Corso est très vite abandonné par sa mère (qu'il croit retournée en Italie) et délaissé par son père. Livré à lui-même dans Little Italy, il continue d'aller à l'école pendant quelques années alors qu'il vit dans la rue. Il finit arrêté et commence une carrière de petit délinquant qui, de fil en aiguille, le conduit à 14 ans à la prison de Clinton, célèbre pour ses exécutions capitales (chaise électrique) et pour la férocité de ses pensionnaires. A cause de (ou grâce à) son âge et son joli minois, Corso devient le chouchou des prisonniers. Il occupe par hasard la cellule dans laquelle était détenu, quelques mois avant lui, Lucky Luciano et s'acoquine avec quelques gros poissons de la Mafia. Pendant son séjour, Corso dévore la librairie de la prison (enrichie par une donation de ce même Luciano) et se met en tête de devenir poète.
 

Libéré à 19 ans, il retourne à New York où il fait la connaissance de Gingsberg qui en tombe amoureux (sans suites réelles puisque Gingsberg se mettra à la colle ensuite avec Orlovsky) au Pony Stable Bar, un club lesbien où Corso s'est fait "adopter" par les filles et est hébergé comme artiste en résidence. Il intègre peu à peu la joyeuse bande de la Beat Generation etc. Le plus spectaculaire est que Corso retrouvera sa mère dans les dernières années de sa vie. Alors qu'il croyait celle-ci retournée en Italie, comme le lui avait dit son père, sa mère n'avait jamais quitté le New Jersey. Les retrouvailles sont évidemment émouvantes. Corso apprend que sa mère a dû l'abandonner après avoir été elle-même violée et brutalisée par son père devenu fou. Mère et fils développent une relation très intense jusqu'à leurs morts respectives. Le "chaînon manquant" (ce manque de la mère) qui avait déterminé plus ou moins toute sa vie et une bonne partie de son oeuvre, était retrouvé. Corso passera ses dernières années (il meurt en 2001) à essayer de lutter contre la marketisation outrancière du mouvement Beat.
 
 

Image7.jpg (326143 bytes)

 

Ted Morgan décrivait en ces termes la place de Corso dans le mouvement Beat (in Literary Outlaw, the Life and Times of William S. Burroughs, 1988) :

Si Ginsberg, Kerouac, et Burroughs étaient les trois mousquetaires du mouvement, alors Corso était leur D'Artagnan, partenaire jeune, accepté et apprecié, mais avec pas tout à fait leur égal. Il n'avait pas été là dès le début, représenté par l'alliance des intellectuels de Columbia avec les branchés de Times Square. Il était un nouvel arrivé, bien que ses références furent assez impressionantes pour lui donner libre accès au premier cercle Beat...

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 16:55

Ferlinghetti nait d'une famille d'immigrés sépharade d'origine italo-portugaise à Yonkers (New York). Il y fréquente l'école de Mount Hermon et gagne le rang d'Eagle Scout. Plus tard, il poursuit ses études à l'université de Chapel Hill en Caroline du Nord, puis devient officier dans la marine des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, il obtient un diplôme de Master à l'université Columbia et un doctorat de la Sorbonne. Alors qu'il est étudiant à Paris, il rencontre Kenneth Rexroth, qui plus tard le persuade d'aller à San Francisco pour profiter de la scène littéraire croissante dans la région.

Entre 1951 et 1953 il enseigne le français, fait des critiques littéraires, et peint. En 1953, Ferlinghetti et Peter D. Martin ouvrent une librairie, qu'ils appellent City Lights d'après un magazine de cinéma que Martin a commencé. Deux ans plus tard, après que Martin a quitté San Francisco pour se rendre à New York, Ferlinghetti ouvre une maison d'édition spécialisée en poésie, et dont la publication la plus célèbre est Howl d'Allen Ginsberg. Pourtant, malgré l'excellence de cette œuvre, elle est confisquée et censurée par les autorités, et est le sujet d'un procès historique.


Ferlinghetti posséde une propriété dans une région assez sauvage de la
Californie côtière, Big Sur (cette région a également inspiré une partie de la poésie de Jack Kerouac). Il apprécie aller dans la nature, où il peut éprouver une spiritualité libérale. Ces aspects de son caractère l'ont poussé à se créer des amitiés avec plusieurs bouddhistes américains, dont Ginsberg et Gary Snyder. Politiquement, il s'est décrit en tant qu'anarchiste moral, engagé dans sa communauté, mais il a aussi constaté que, à son avis, l'humanité n'est pas encore prête à vivre tout à fait en conformité avec l'anarchisme ; par conséquent, il préfère le genre de démocratie sociale modelée dans les pays scandinaves.

 

L'œuvre poétique la plus connue de Ferlinghetti est Coney Island of the Mind, qui a été traduite en neuf langues. En 1998 il est nommé Poet Laureate de San Francisco (un prix dont l'équivalent n'existe pas en français mais qui ressemble à une nomination à l'Académie française). Il continue aujourd'hui d'écrire de la poésie et participe toujours au fonctionnement de la librairie et de sa maison d'édition. Ne se contentant pas seulement de s'engager dans la littérature, Ferlinghetti continue aussi à peindre et ses tableaux sont souvent exposés dans les galeries et les musées à San Francisco et ailleurs.

La poésie de Ferlinghetti aborde souvent la politique et les grands débats sociaux. Il essaie aussi de défier la perception courante du rôle de l'artiste dans le monde. Le groupe italien Timoria lui a consacré une chanson, intitulée Ferlinghetti Blues (de leur album El Topo Grand Hotel), et Ferlinghetti lui-même y a enregistré un de ses poèmes.





Lawrence Ferlinghetti "Last Prayer"


 
Loud Prayer (Lawrence Ferlinghetti)

Our father whose art's in heaven
hollow be thy name
unless things change
Thy wigdom come and gone
thy will will be undone
on earth as it isn't heaven
Give us this day our daily bread
at least three times a day
and forgive us our trespasses
as we would forgive those lovelies
whom we wish would trespass against us
And lead us not into temptation
too often on weekdays
but deliver us from evil
whose presence remains unexplained
in thy kingdom of power and glory
oh man



Bob Dylan, Allen Ginsberg et Lawrence Ferlinghetti

SALUT D'AMOUR

A tout animal qui mange ou tire sur sa propre espèce
A chaque chasseur en 4x4 avec fusil à lunette monté à l'arrière
A chaque tireur d'élite ou ninja de Forces spéciales
A chaque redneek botté avec pitbull et fusil a canon scié
A chaque membre des forces de l'ordre avec chiens dressés pour traquer et tuer
A chaque flic ou indic en civil ou agent secret avec holster rempli de mort
A chaque serviteur du peuple tirant sur le peuple ou visant un malfaiteur en fuite pour tuer
A chaque guarde civil de tout pays gardien des citoyens avec menottes et carabines
A chaque garde frontière devant n'importe quel Check point Charley de n'importe quel côté de n'importe quel Mur de Berlin de Bamboo ou Totilla Curtain
A chaque motard CRS d'élite patrouille fédérale en pantalon de cheval fait sur mesure casque en plastique cravate lacet
A chaque voiture de patrouille avec fusil à pompe sirènes hurlantes chaque blindé anti-émeute avec lance-à-eau et matraques prêtes à servir
A tout pilote d'élite avec missile laser et napalm plein les ailes
A chaque commandant au sol donnant la bénédiction aux bombardiers qui décollent
A n'importe quel Département d'Etat de n'importe quelle superpuissance marchande d'armes vendant aux deux côtés de n'importe quel conflit à la fois
A n'importe quel nationaliste extrêmiste de quelque nation que ce soit dans n'importe quel monde tiers est ouest nord sud
Qui tue pour sa nation chérie
A n'importe quel prophète poète enflammé armé de fusils de symboles ou de rhétorique
A chaque propagateur de la foi et de la raison de la lumière spirituelle par la force des armes
A chaque instrument attitré de la légitime puissance publique de n'importe quel pouvoir d'état
A tous et à chacun qui tuent tuent tuent encore et toujours au nom de la paix
Je lève - seul et unique salut possible! - mon doigt majeur.

(Traduction de Patrick Hutchinson)


 

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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 22:58

Docufiction sur Jack Kerouac, un des membres les plus importants du mouvement de la Beat Generation. Sur la route , une de ses œuvres les plus connues a rendu l’écrivain et poète américain célèbre après sa mort en 1969. Ses textes ont grandement contribué à la révolution culturelle, sexuelle et sociale des années 1960. Archives, photos, entrevues et reconstitution d'époque, servent de trame au réalisateur pour décortiquer le mythe du héros.

LE GRAND JACK
Herménégilde Chiasson, 1987, 54 min 39 s


ACTUALITE JACK KEROUAC :


Un projet a vu le jour il y a 3 ans lorsque deux musiciens  : Jay Farrar et Ben Gibbard ont été sollicités pour collaborer à la bande originale d'un documentaire sur Jack Kerouac intitulé One Fast Move Or I'm Gone : Kerouac's Big Sur dont voici la bande annonce :



Cette commande de quelques titres où Gibbard devait juste chanter s'est finalement transformée en véritable album sur lequel Gibbard et Farrar ont composé et interprété des chansons inspirées du roman Big Sur publié en 1962. Farrar annonce même que 90% des textes sont directement extraits du livre dont le poème Sea: Sounds of the Pacific Ocean at Big Sur en intégralité. L'écriture de Big Sur et la vie de Kerouac à cette époque dans la région de San Francisco sont les sujets du documentaire. Les deux musiciens sont des admirateurs de longue date de l'écrivain, Gibbard a même séjourné lors de l'enregistrement de Narrow Stairs de Death Cab For Cutie dans la cabane où Kerouac a écrit ce même roman.



Gibbard et Farrar ne s'étaient jamais rencontrés mais l'entente a été immédiate et le duo a continué à travailler sur le projet pendant près d'un an et demi quand leurs emplois du temps respectifs le permettaient. Après la rencontre en 2007 à San Francisco, Gibbard a passé une semaine à Saint Louis chez Farrar en février 2008 et ils se sont retrouvés en janvier 2009 à Los Angeles pour finaliser un dernier morceau.

La méthode de travail a été complètement nouvelle pour les deux hommes. Farrar a composé 11 des 12 chansons, Gibbard, lui, s'est contenté d'y apporter sa voix, des guitares et de la batterie, mais il n'a pas pas participé à l'écriture alors que c'était à la base de tous ses précédents projets. Cependant, le principal auteur de ce disque reste tout de même Kerouac lui-même...

One Fast Move or I'm Gone
sortira la 20 octobre sur le label F-Stop distribué par Atalntic / Warner, la veille du 40ème anniversaire de la mort de Jack Kerouac, et sera disponible en CD, en CD + DVD, en vinyl mais également dans un coffret deluxe incluant le CD, le DVD du film, un exemplaire du roman Big Sur et un livre de 40 pages sur le documentaire.

Le duo assurera quelques dates dans les grandes villes américaines fin octobre soutenir ce projet.

 
Source : ELDORADO (magazine)
http://eldoradomagazine.blogspot.com/

Avant la sortie de cet album, voici ci-dessus un morceau de Jay Farrar :
 




Jack Kerouac - Big Sur (1962)

Le héros de ce roman, Jack Duluoz ou Ti jean, n'est autre que Jack Kerouac, l'auteur de Sur la route. Au bord de la folie, le Roi des Beatniks cherche à fuir l'existence de cinglé qu'il a menée pendant trois ans et part pour San Francisco. Il se réfugie au bord de la mer, à Big Sur, dans une cabane isolée. Après quelques jours de bonheur passés dans la solitude à se retremper dans la nature, Duluoz est à nouveau saisi par le désespoir et l'horreur. Aussi revient-il à San Francisco où l'attendent le monde, les beatniks, l'érotisme. Mais il ne retrouve pas la paix pour autant.

 

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30 août 2009 7 30 /08 /août /2009 13:17

Voici un romancier, poète, novéliste et "gourmand vagabond", véritable héritier de la Beat Generation dont je suis fan...à vrai dire mon auteur préféré, ayant lu presque tous ses romans et nouvelles (Dalva, Légendes d'automne, de Marquette à Veracruz, En route vers l'ouest...et j'en passe beaucoup d'autres)... que je vous incite à lire ou à relire. Vous trouverez à la fin de cet article une biographie et une bibliographie de cet auteur.




Sa prose, son écriture, sa liberté d'expression, ses thèmes de prédilection, ses personnages anti-héros aux personnalités fortes et parfois complexes, son goût pour le vin de qualité ainsi que la bonne cuisine, les femmes... font de lui un écrivain qui attire l'attention...son style, il le doit aux écrivains de la Beat Generation de part son amour pour la route, les grands espaces, la LIBERTE!!!...mais c'est dans son Michigan natal qu'il tire la plupart de ses romans en référence à cette région qui lui a donné l'envie de pondre des romans, des nouvelles et des poèmes pour en mieux décrire les aspects sauvages (la pêche, la chasse, les petits plaisirs de la vie...) Il n'en oublie pas ceux, dans ses oeuvres, qui ont peuplé l'Amérique et qui la peuple encore aujourd'hui dont certains cloîtrés dans des réserves, son goût pour la nature, l'histoire de son pays, son melting pot, ses dérives...mais aussi ses richesses...

Si le terme d'"écrivain-hippie" ne peut qu'encombrer Jim Harrison, l'homme n'en reste pas moins un fils des écrivains de la Beat Generation (quelques écrivains photo de gauche). Monographe d'une Amérique blessée, il n'a eu de cesse d'explorer, dans ses livres, les multiples - et parfois invisibles - "dernières frontières" de son pays. Comme chez Kerouac, ses personnages se retrouvent - ou se perdent - dans des traversées du continent, des périples souvent initiatiques, où ils font figure de clochards célestes. Harrison partage avec des "hobbos" comme Neal Cassady ou Richard Brautigan ce goût pour le bon vieux thème de la "route", qui imprègne les Lettres américaines, de London à Steinbeck, d'Hemingway à Thomas McGuane. Les personnages de Harrison, comme ceux de Kerouac, recherchent une part d'humanité dans l'intimité du monde dit "sauvage"; ils préfèrent s'enfoncer dans les chemins sinueux de l'Amérique profonde pour redonner un sens au mot "civilisation".
Jim Harrison chante donc l'Amérique profonde, l'Amérique des campagnes et des vastes étendues sauvages. Un amoureux de la nature. C'est un homme libre avide de découvertes, un contemplatif, un poète vagabond.


Ami de longue date de Gary Snyder (un autre "clochard céleste") et de Richard Brautigan (dont vous trouverez quelques articles sur ce blog), Jim Harrison adule des écrivains baroudeurs comme Jack London, fait souvent référence à Henry David Thoreau dans ses romans pour un retour à la nature, parle souvent de la working class américaine, de musique...mais surtout de plaisirs simples comme la cuisine ou le bon vin...
Les femmes ont une place privilégiée dans les romans de Jim Harrison et comme l'a écrit le Magazine Littéraire :

"Les héros de Jim Harrison ne sont pas des solitaires obsédés par le péché et la chasteté. Ils mordent dans la vie à pleines dents, et lorsque Harrison parle des femmes dans ce monde maléfique, c'est pour les dépouiller de leur image factice de "statue de porcelaine" : je n'ai jamais rencontré une seule femme qui ressemblait, ne fût-ce que de loin, à la définition qu'en donnait la société."




En rien sophistiqués, ni matérialistes, ses écrits vous donnent envie de voyager et de mieux connaître "votre voisin"...tout comme Kerouac...vous donnent l'impression que l'Amérique vaste et profonde a quelque chose à se faire pardonner mais a également tant de choses à offrir...de choses dont elle n'a jamais tenté de nous faire découvrir...Jim Harrison, quant à lui l'écrit, le partage, nous fait découvrir le côté caché de l'Amérique et de son peuple...
Tant d'écrivains avant lui l'ont fait ou ont essayé mais ce qui est sûr, c'est qu'en lisant du Harrison, on pense à Henry David Thoreau avec "Walden" (photo de droite), Faulkner, London...à la Beat Generation : Kerouac, Snyder, Brautigan, celle qui vit sur la route, dans les forêts et les plaines, celle qui nous parle des américains, des vrais...du temps qui passe et qu'il faut apprécié sur le moment même!!!
 

 

  Jim Harrison et Jack Kerouac

Jim Harrison a rencontré Kerouac et la première fois fut dans un club de jazz. Il a remarqué chez lui son penchant pour la liberté, le voyage, l'alcool, son désir de s'affranchir des règles sociales, des lois...son côté contestataire...ils ont parlé de jazz et Jim Harrison s'est aussi rendu compte qu'il était un grand solitaire, "il se tenait facilement à l'écart car il appréhendait mieux une forme de réclusion et de solitude"...

Lorsque Jim Harrison parle de Kerouac; il dit (je le cite) :

"A ce moment là, on savait tous - et Ginsberg l'avait bien pointé - que "Sur la route" de Kerouac portait vraiment quelque chose de neuf. C'était la liberté sans restriction. Cela vous ouvrait des portes, ça vous grandissait. Plus tard quand j'ai écrit mon premier roman, Wolf - en 1971 -, cette liberté était déjà bien étalie. Wolf n'était en aucun cas un hommage à Kerouac, mais des années après, je me suis rendu compte du lien qu'il pouvait y avoir avec Sur la route, j'ai perçu alors l'influence que Kerouac avait eu sur moi. Davantage que dans ma poésie, c'est dans la forme du roman que j'ai pu mesurer l'impact de la Beat Generation, et de Kerouac, sur mon travail.

(...)Il avait remis au goût du jour ce genre de démarche. Avant lui, un Jack London avait vécu et écrit de cette façon-là, toujours dans le mouvement physique! Cela l'a influencé. Même Mark twain a été une référence importante pour Kerouac. Ils font figure de prédécesseurs. Je peux sentir à quel point un Kerouac - et son univers, sa liberté, son éxubérance - a marqué l'un de mes personnages, Chien Brun (récurrents dans plusieurs novellas de Jim Harrison, ndlr). Le premier roman que Kerouac a écrit, The Town And The City - traduit en français sous le titre Avant la route -, laisse penser que c'était quelqu'un qui étouffait un peu, et qui a eu ce furieux besoin d'écrire en bougeant." 

 

 




Extrait du Magazine Littéraire :


"Les héros de JH semblent n’exister que pour célébrer l’espace, se placer dans le " grand cercle de la nature, ou toute chose est liée". Là où le puritanisme urbain n’a pas pied, ils s’adonnent à un hédonisme parfois brutal. Ses personnages défient presque son écriture. Ils avalent un litre de whisky avant même que les mots n’aient le temps de vider la bouteille. ..Car les personnages de JH vivent dans l’urgence. Ils se battent souvent avec leurs origines, comme Dalva, avec une civilisation qui est née de l’assassinat d’une autre. Ils portent en eux bien des décombres de vies amochées, les leurs et bien d’autres. Ils partagent la douleur, au présent et au passé. Comme Faulkner, à qui il doit sans doute davantage qu’à Hemingway, il aime brouiller les cartes dans ses récits. Seule obsession : fouiller. Ses anti-héros cherchent à s’immiscer dans l’existence, et c’est souvent la nature qui impose les rites d’intégration."





Biographie de Jim Harrison
Ecrivain américain (Né à Grayling, Michigan le 11 décembre 1937)

Issu de la petite bourgeoisie du Michigan, c'est à l'âge de 16 ans que Jim Harrison décide de devenir écrivain 'de par mes convictions romantiques et le profond ennui ressenti face au mode de vie bourgeois et middle class'. Il quitte le sud et part étudier la littérature à Boston et à New York. En 1965, il obtient son master de lettres et voit son premier recueil de poésie, 'Plain Chant', publié. Ainsi, il abandonne très vite son poste d'assistant d'anglais à l'université de Stony Brook, dans l'Etat de New York, pour se consacrer à l'écriture. C'est l'époque de ses premiers romans, mais aussi celle où il écrit des recueils de poésie, des scénarios et des articles de journaux. A partir de 1967, il retourne dans le Michigan et publie ses premiers succès littéraires: 'Wolf', 'Oulyers and Ghazals', 'Un bon jour pour mourir', 'Farmer'. En 1975, il rencontre Jack Nicholson qui le pousse à écrire pour Hollywood. En 1979, 'Légendes d'automnes' est son premier véritable succès littéraire, suivront 'Sorcier', 'Faux soleil', 'Dalva'... Avec Thomas Mc Guane, il écrit plusieurs scénarios pour Hollywood. En 1989, il adapte sa nouvelle 'Une vengeance', et en 1994, il écrit le scénario de 'Wolf'. Le retour de Jim Harrison à l'écriture s'opère par un 'Retour en terre', en 2007 qui vient appuyer la réputation de Jim Harrison n'étant plus à faire depuis bien longtemps.


Son œuvre

 


 Poésies

- Plain song (
1965)

-  Locations (1968)

  •  - Outlyer and Ghazals (Lointains et Ghazals) (1971)
  •  - Letters to Yesenin (Lettres à Essessine) (1973)
  •  - Returning to earth (1977)
  •  - Selected and new poems (1982)
  •  - Theory and practice of rivers (Théorie et pratique des rivières) (1985)
  •  - After ikkyu and other poems (L'éclipse de lune de Davenport) (1996)
  •  - The shape of the journey (1998)



  • Romans 

    - Wolf, a false memoir
    (Wolf, Mémoires fictifs) (
    1971)
  •  - A good day to die (Un bon jour pour mourir) (1973)
  •  - Farmer (Nord Michigan) (1975)
  •  - Warlock (Sorcier) (1981)
  •  - Sundog (Faux soleil) (1984)
  •  - Dalva (1988)
  •  - Just before dark (Entre chien et loup) (1990)
  •  - The Road Home (La route du retour) (1998)
  •  - True North (De Marquette à Vera Cruz) (2004)
  •  - Returning to Earth (Retour en terre) (2007)
  •  - The English Major (Une Odyssée Américaine) (2008)

     






 Nouvelles

  •  - Legends of the fall (Légendes d'automne) (1979)
  •  - The woman lit by fire flies (La femme aux lucioles) (1990)
  •  - Julip (1994)
  •  - Westward Ho (En route vers l'ouest) (2000)
  •  - The Summer He Didn't Die (L'été où il faillit mourir) (2005)

Livre jeunesse

 - The boy who ran to the woods (Le garçon qui s'enfuit dans les bois) (2000)

Essai

 - Adventures of a roving gourmand (The raw and the cooked) (2001)






Autobiographie

  • Off the side (En marge) (2002)














Adaptations cinéma

 

 

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